LA MUSIQUE VECTEUR DE MÉMOIRE

PRÉLUDE

Bien plus que de simples sons quotidiens, la musique, quatrième art majeur universel, a toujours fait partie intégrante de nos vies, tel un élément intrinsèque de notre construction au fil du temps. Elle exerce inexorablement une influence profonde sur nos souvenirs ; dès leur éclosion jusqu’à leur stockage et évidemment, lors de leur restitution. La musique, au travers de processus neurologiques et psychologiques, concède au cerveau-catalyseur, une formidable capacité mémorielle. Elle aide à formuler les rappels émotionnels de notre âme.

LES NOTES DE NOTRE MÉMOIRE
 

Telle une toile de fils invisibles, la musique, intemporelle et universelle, tisse et s’imprime dans nos subconscients. Chaque mélodie emmagasinée, ainsi associée à nos émotions, sensations ou souvenirs, nous transporte instantanément vers des moments lointains, auprès d’êtres chers, ou de situations vécues.

Phénomène corroboré par la science, cette prévalence de la musique sur notre mémoire est un atout fabuleux et ressenti unilatéralement. Une conséquence directe de l’activation de l’hippocampe et de l’amygdale, structures cérébrales qui jouent un rôle central sur notre faculté de mémorisation et de sa réactivation. Dans ce registre, il a été notamment constaté que cette « réminiscence musicale » était présente particulièrement chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives, touchant les fonctions cérébrales et souvent liées à l’âge. Il n’est pas rare d’observer ces patients, avec une mémoire verbale altérée et peinant à reconnaître leurs proches, fredonner des chansons de leur jeunesse, une étincelle de bonheur dans les yeux.

SOUVENIR SOUVENIR

La musique, dans sa diversité de formes et d’artistes, enrichit constamment cette banque de données mémorielles. Quelle que soit la génération à laquelle nous appartenons, différents exemples seront plus ou moins marquants. Pour la jeunesse actuelle, des titres comme Blinding Lights de The Weeknd évoquent peut-être des soirées entre amis, la folle liberté des premières escapades. Pour d’autres, avec Love Me Like You Do de Ellie Goulding ou plus tôt, avec A Thousand Years de Christina Perri, ce seront sans doute des réminiscences de premiers émois.

Les B.O. de films restent également des mélodies très prisées dans nos souvenirs que ce soit My Heart Will Go On de Céline Dion pour Titanic ; See You Again de Wiz Khalifa pour Fast and Furious et A Forest de The Cure pour L’Amour ouf ; tous les éléments sont alors réunis entre images et sons pour enclencher chez nous des souvenirs vivaces. Et n’oublions pas les évocations plus spécifiques liées à l’enfance, telles les rondes, les comptines et autres Bonne nuit les petits dont la ritournelle est issue du folklore gallois. L’adolescence n’est pas en reste non plus, avec comme exemple, I’ll Be There for You de The Rembrandts pour l’iconique Friends ; ou, plus récemment, le fameux gimmick dans Squid Game. La musique reste une incroyable machine à remonter le temps ; plus l’événement ou le contexte est significatif (premier slow, hymne d’une équipe sportive, etc.), plus la musique qui s’y réfère aura un impact durable.

OUTRO

“La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux.”

Victor Hugo avait parfaitement résumé ce lien ténu entre la musique et la mémoire. Il avait pointé ainsi les limites du langage verbal, malgré un besoin fondamental d’exprimer ce qui nous habite. Il nous exhortait alors à utiliser la musique comme exutoire, ne la résumant pas à un simple divertissement, mais à une puissance expressive bien supérieure.

Finalement, la musique agit telle une bande-son intime de nos existences, reliant les fragments épars de notre mémoire en une narration cohérente presque cinématographique. En un sens comme la fameuse Madeleine de Proust.

© SOPHIE DAY

Intagram @ celle_qui_lit_ et_pense

Révisé par Accompagner votre plume – Alexandra Francheteau

Auteur/autrice

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