CONTRE-JOUR

La pluie résonne
au feu vertueux des accalmies
sans doute bercée par l’ombre
des voûtes de l’insomnie
creusant l’intime et
impérieuse déroute nocturne
qui s’enhardit au doux tumulte
et tisse sa toile sans préambule.
J’y songe le jour, toise son velours,
ploie sans griefs
au rythme des rebours
qui peuplent l’ennui et l’allégresse
y goûte les perles
qui s’y déploient au prisme humide
des joies et peines
sous l’hasardeux drapé de la vie,
oublie de dormir
repanse les veilles
tapisse d’envies ce désarroi
contemple l’abysse qui s’y dévoie
brûle de rêver, à satiété.

Aux sombres doutes
et sépultures des moindres morts
s’impose l’écho de l’esprit en fugue
qui y côtoie les interludes
et y pourchasse les joies larvées
dans l’interstice des soi froissés.
Arabesque mutique de la nuit nacrée
apogée stoïque du temps malmené,
la blancheur des marbres
du froid somnambule
accompagne l’écharne
des errances sans âme
rêvant de prendre corps et de s’incarner
au cœur navrant de l’obscurité
qui déambule ainsi bernée.

Haillon nostalgique dépourvu d’émoi
proie recluse statique encerclée d’abois
le repos se dresse au souvenir lointain
des refrains de l’aube
qui offraient un havre
au geste délectable
de songer à tout sans penser à rien.
Aux réminiscences de ce vent amoindri
s’écaillent les latences du jour essoufflé
et la soif pugnace de s’y promener
aux confluences des flegmes
que le manque de sommeil aura parsemé.
Puis le soir se lève
où la nuit s’abjure dans l’horizon prude
des lendemains sans tain
et offre un regain aux moi insomniaques
qui enjôlent le seuil des lunes acariâtres.
J’aimerais dormir dans cette extase qui se dédit
croire aux méandres apaisant le corps qui s’assoupit,
voir en ces friches la résilience apprivoisée
par l’onde fugace des attrape-vers
qui y prennent forme en toute quiétude
sans préavis.

©Julian Paillassa

 

Auteur/autrice

1 réflexion sur “CONTRE-JOUR”

  1. Bonjour Julian, magnifique poème nocturne!
    C’est à nouveau magique, on a l’impression que les mots virevoltent, se posent ensuite délicatement les uns à la suite des autres, chacun d’eux semblant appeler l’autre ou le pousser doucement en effleurant les sons pour former un ensemble harmonieux et puissant qui se déroule au fil des vers. C’est tout le velouté profond de la nuit qui s’éclaire de mystère.
    Encore bravo!
    Amicalement,
    Isabelle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut