
Mais qui est Benjamin Jordane ?
Benjamin Jordane est un écrivain… qui n’a jamais existé.
C’est par cette affirmation que pourrait débuter toute tentative de présentation du projet littéraire de Jean-Benoît Puech. En inventant cet auteur fictif du nom de Benjamin Jordane, Jean-Benoît Puech a créé un pseudonyme ou un personnage de roman, une entité narrative autonome, dont il se présente non comme le créateur, mais comme le biographe, le critique, l’éditeur et, surtout, le lecteur privilégié.
Les Éditions La Pionnière présente un objet-livre raffiné au format élégant et une mise en page sobre et claire. Le livre est accompagné d’un frontispice de Vincent Puente, qui donne visage et consistance à ce personnage inexistant. Ce portrait de Benjamin Jordane ajoute à l’ambiguïté : en donnant un visage à la fiction, il renforce son pouvoir de suggestion.

Jean-Benoît Puech ne se présente pas comme l’auteur de Jordane, mais comme son ami, son biographe, son éditeur, son lecteur. Le texte est la retranscription d’une conférence donnée à l’été 2024 dans un hameau de Touraine. Dans un ton à la fois sérieux, ironique et feutré, Puech y déroule la vie et la disparition de cet écrivain fictif avec une précision troublante, comme s’il avait réellement existé.
Benjamin Jordane n’est pas un récit, pas un essai, pas une fiction classique. C’est un objet littéraire hybride, déroutant, à la frontière entre la conférence, la biographie fictive et la méditation critique. Son auteur, Jean-Benoît Puech, y poursuit son travail littéraire singulier, commencé il y a plusieurs décennies : une œuvre consacrée à un écrivain… qui n’a jamais existé.
Cette conférence a pour but de vous présenter la plupart des thèmes de l’œuvre de Benjamin Jordane (1947-1994), selon leur entrée en scène progressive, leurs multiples variations et l’enchaînement obstiné de certains d’entre eux. Mais il me semble préférable de le faire à travers un récit de la vie du romancier, et même de mes relations avec lui, dont j’ai été le familier pendant près d’une dizaine d’années et le fidèle lecteur jusqu’à ce jour : un témoignage est moins abstrait ou moins scolaire qu’une étude objective. Je demande pardon aux auditeurs que mes radotages vont ennuyer un peu, mais ils ne sont pas nombreux, et comme il convient, je m’adresse surtout aux inconnus cachés dans le fond de la grange.
Le texte se lit comme une causerie érudite. Il évoque les origines de Jordane, ses premières tentatives d’écriture, ses œuvres inaccessibles, ses refus de publication, sa solitude, sa disparition volontaire du monde littéraire. Mais tout cela n’est que construction. Il propose une fiction critique, dans laquelle l’invention est au service d’une réflexion sur la littérature, la création, l’effacement.
Loin du simple exercice de style, le projet Benjamin Jordane interroge la nature même de la littérature, en posant des questions essentielles : qu’est-ce qu’un auteur ? Une œuvre doit-elle nécessairement être signée pour exister ? Peut-on faire littérature par la seule voie de la critique, de l’annotation ou du commentaire ?
En ce sens, Jean-Benoît Puech redonne à l’activité critique une fonction créatrice. Il construit un univers littéraire sans écrire de roman, mais en donnant chair à un écrivain fictif dont les œuvres sont suggérées, évoquées, parfois esquissées et jamais livrées dans leur intégralité. Le lecteur pourrait alors devenir co-auteur, invité à imaginer ce que Jordane aurait pu écrire.
Plutôt que de remanier mon insuffisante description, je préfère recourir encore à une citation, de l’auteur lui-même, cette fois : « Toute ressemblance… est le journal de la naissance d’une fiction : la Présentation de ses états successifs, de ses métamorphoses, à travers quoi devrait se dessiner une version idéale et définitive.
Ce que propose Jean-Benoît Puech, en somme, c’est faire de la fiction un outil de lecture du réel. Offrir une œuvre qui ne s’incarne pas dans des livres “écrits” par Jordane, mais dans les traces qu’il aurait laissées.
Et si les écrivains les plus troublants étaient ceux… qui n’existent pas ?
Jean-Benoît Puech, Benjamin Jordane , Éditions La Pionnière https://www.lapionnière.com , 15 mai 2025, 12 euros.
© SOPHIE CARMONA
Benjamin Jordane n’est pas un récit, pas un essai, pas une fiction classique. C’est un objet littéraire hybride, déroutant, à la frontière entre la conférence, la biographie fictive et la méditation critique. Son auteur, Jean-Benoît Puech, y poursuit son travail littéraire singulier, commencé il y a plusieurs décennies : une œuvre consacrée à un écrivain… qui n’a jamais existé.
Jean-Benoît Puech ne se présente pas comme l’auteur de Jordane, mais comme son ami, son biographe, son éditeur, son lecteur. Le texte est la retranscription d’une conférence donnée à l’été 2024 dans un hameau de Touraine. Dans un ton à la fois sérieux, ironique et feutré, Puech y déroule la vie et la disparition de cet écrivain fictif avec une précision troublante, comme s’il avait réellement existé.
Cette conférence a pour but de vous présenter la plupart des thèmes de l’œuvre de Benjamin Jordane (1947-1994), selon leur entrée en scène progressive, leurs multiples variations et l’enchaînement obstiné de certains d’entre eux. Mais il me semble préférable de le faire à travers un récit de la vie du romancier, et même de mes relations avec lui, dont j’ai été le familier pendant près d’une dizaine d’années et le fidèle lecteur jusqu’à ce jour : un témoignage est moins abstrait ou moins scolaire qu’une étude objective. Je demande pardon aux auditeurs que mes radotages vont ennuyer un peu, mais ils ne sont pas nombreux, et comme il convient, je m’adresse surtout aux inconnus cachés dans le fond de la grange.
Le texte se lit comme une causerie érudite. Il évoque les origines de Jordane, ses premières tentatives d’écriture, ses œuvres inaccessibles, ses refus de publication, sa solitude, sa disparition volontaire du monde littéraire. Mais tout cela n’est que construction. Il propose une fiction critique, dans laquelle l’invention est au service d’une réflexion sur la littérature, la création, l’effacement.
Loin du simple exercice de style, le projet Benjamin Jordane interroge la nature même de la littérature, en posant des questions essentielles : qu’est-ce qu’un auteur ? Une œuvre doit-elle nécessairement être signée pour exister ? Peut-on faire littérature par la seule voie de la critique, de l’annotation ou du commentaire ?
En ce sens, Jean-Benoît Puech redonne à l’activité critique une fonction créatrice. Il construit un univers littéraire sans écrire de roman, mais en donnant chair à un écrivain fictif dont les œuvres sont suggérées, évoquées, parfois esquissées et jamais livrées dans leur intégralité. Le lecteur pourrait alors devenir co-auteur, invité à imaginer ce que Jordane aurait pu écrire.
Plutôt que de remanier mon insuffisante description, je préfère recourir encore à une citation, de l’auteur lui-même, cette fois : « Toute ressemblance… est le journal de la naissance d’une fiction : la Présentation de ses états successifs, de ses métamorphoses, à travers quoi devrait se dessiner une version idéale et définitive.
Ce que propose Jean-Benoît Puech, en somme, c’est faire de la fiction un outil de lecture du réel. Offrir une œuvre qui ne s’incarne pas dans des livres “écrits” par Jordane, mais dans les traces qu’il aurait laissées.
Et si les écrivains les plus troublants étaient ceux… qui n’existent pas ?
Jean-Benoît Puech, Benjamin Jordane , Éditions La Pionnière https://www.lapionnière.com , 15 mai 2025, 12 euros.
© SOPHIE CARMONA
Benjamin Jordane n’est pas un récit, pas un essai, pas une fiction classique. C’est un objet littéraire hybride, déroutant, à la frontière entre la conférence, la biographie fictive et la méditation critique. Son auteur, Jean-Benoît Puech, y poursuit son travail littéraire singulier, commencé il y a plusieurs décennies : une œuvre consacrée à un écrivain… qui n’a jamais existé.
Jean-Benoît Puech ne se présente pas comme l’auteur de Jordane, mais comme son ami, son biographe, son éditeur, son lecteur. Le texte est la retranscription d’une conférence donnée à l’été 2024 dans un hameau de Touraine. Dans un ton à la fois sérieux, ironique et feutré, Puech y déroule la vie et la disparition de cet écrivain fictif avec une précision troublante, comme s’il avait réellement existé.
Cette conférence a pour but de vous présenter la plupart des thèmes de l’œuvre de Benjamin Jordane (1947-1994), selon leur entrée en scène progressive, leurs multiples variations et l’enchaînement obstiné de certains d’entre eux. Mais il me semble préférable de le faire à travers un récit de la vie du romancier, et même de mes relations avec lui, dont j’ai été le familier pendant près d’une dizaine d’années et le fidèle lecteur jusqu’à ce jour : un témoignage est moins abstrait ou moins scolaire qu’une étude objective. Je demande pardon aux auditeurs que mes radotages vont ennuyer un peu, mais ils ne sont pas nombreux, et comme il convient, je m’adresse surtout aux inconnus cachés dans le fond de la grange.
Le texte se lit comme une causerie érudite. Il évoque les origines de Jordane, ses premières tentatives d’écriture, ses œuvres inaccessibles, ses refus de publication, sa solitude, sa disparition volontaire du monde littéraire. Mais tout cela n’est que construction. Il propose une fiction critique, dans laquelle l’invention est au service d’une réflexion sur la littérature, la création, l’effacement.
Loin du simple exercice de style, le projet Benjamin Jordane interroge la nature même de la littérature, en posant des questions essentielles : qu’est-ce qu’un auteur ? Une œuvre doit-elle nécessairement être signée pour exister ? Peut-on faire littérature par la seule voie de la critique, de l’annotation ou du commentaire ?
En ce sens, Jean-Benoît Puech redonne à l’activité critique une fonction créatrice. Il construit un univers littéraire sans écrire de roman, mais en donnant chair à un écrivain fictif dont les œuvres sont suggérées, évoquées, parfois esquissées et jamais livrées dans leur intégralité. Le lecteur pourrait alors devenir co-auteur, invité à imaginer ce que Jordane aurait pu écrire.
Plutôt que de remanier mon insuffisante description, je préfère recourir encore à une citation, de l’auteur lui-même, cette fois : « Toute ressemblance… est le journal de la naissance d’une fiction : la Présentation de ses états successifs, de ses métamorphoses, à travers quoi devrait se dessiner une version idéale et définitive.
Ce que propose Jean-Benoît Puech, en somme, c’est faire de la fiction un outil de lecture du réel. Offrir une œuvre qui ne s’incarne pas dans des livres “écrits” par Jordane, mais dans les traces qu’il aurait laissées.
Et si les écrivains les plus troublants étaient ceux… qui n’existent pas ?
Jean-Benoît Puech, Benjamin Jordane , Éditions La Pionnière https://www.lapionnière.com , 15 mai 2025, 12 euros.
© SOPHIE CARMONA