
Au large de rien. Sans temps.
Peut-être à la sortie d’un trou noir ou bleu,
revenant d’un autre rien,
un point ou une larme, brûlante,
étincelante, de la taille de la pointe d’une
patte de coccinelle,
un reste de feu, une pincée de vie
réchappée d’une autre histoire, ose à peine
s’imposer, un atome.
Se frayer un chemin dans cette exiguïté
sépulcrale, philosophale, qui tend à la
velléité de la vastitude.
Ce n’est pas un espace, ni un lieu, ce n’est
rien qu’une soupe cosmique.
Cela malaxe l’once de feu, la lueur de
conscience, et n’en pouvant plus de cet
atermoiement,
Cela la catapulte dans ce Grand Rien qui
devient Tout.
Qui a fait Cela ?
Pour quel but ?
Pour quel sens ?
Était-il Tout avant de n’être Rien ?
Et rien n’est jamais rien, c’est toujours
quelque chose. Venant d’où ? Par quelle
patte d’artiste ?
On le nommera Univers, vers l’Uni, Un,
Principe, le Grand Tout, l’Alpha, l’Omega,
Créateur, Cela Est.
On finira par le nommer Dieu, l’artisan de cette invraisemblable, cette incroyable, cette
inimaginable et Pure Naissance !
Il y a 14 milliards d’années…
On le nommera de tous les noms possibles,
sans jamais s’accorder.
Et l’on répandra le sang pour lui.
Et là, Cela devient un chuchotement
continue qui passe par la fenêtre ouverte.
Une odeur comme l’on n’en sent que dans
les lieux d’humus, une odeur fraîche
d’humide.
Une rivière coule là, à quelques mètres,
simplement dans son dépouillement, près
de nous.
La rivière large et feuillue, espiègle, limpide
et clapotant.
Et le vent lui, on ne le voit qu’aux branches
somptueuses et prodigues s’agiter.
Il est invisible le vent, seules les herbes et
les branches, les volets qui claquent, le poil
échevelé des bêtes qui se soulève sous sa
caresse indiquent qu’il siège là sifflant entre
nos doigts.
Il est là le Grand Tout…
© CLO HAMELIN
Photo à la une « Un ange passe » Reej Hamelin