
Ô œil ne verse nulle larme
Au fil des cithares
Gonflent des ruines
Pleines de voix cachées
Sous un voile de plomb
Ô vie demeure là
Au berceau du dernier rire
Faisant rouler un dé
Par terre
Touche une main
Levée droite
Vers le soleil
Tirant les cordes du ciel
Pour que jamais ne tombe la nuit
Ô danseurs tournez libres
Si l’on vous arrête
Tout s’arrêtera
Sauf l’œil les larmes
Et l’ire seule deviendra ciment
Serrant en elle le sang
Le souvenir des cordes
Orphelines de mains
Sans plus d’oreilles tendues au matin
Sans plus d’oeil pour saisir leur lumière
Tendue vers l’horizon
Comme une lame solaire
Gravant sur le bois l’éternel
Le goût des olives
La douceur de l’eau
Le charme du silence
Que bouche conte encore
Et contera toujours
Pour rappeler leur rareté
Ô Homme garde le souvenir
À l’ombre des lettres
Du feu pour ceux sans abris
Des lèvres de ceux sans voix
Du pain pour toujours le rompre
Sans rien perdre
Et laisse de l’écorce
Naître la forme de ton dos
Où demeurent les notes
De toutes nos douleurs
© JÉRÉMIE FOUQUE