PIERRE LEMARCHAND : L’INTERVIEWER INTERVIEWÉ ! 

Pierre Lemarchand

Près de dix ans se sont écoulés entre Pierre et moi depuis notre dernière émission de radio, enregistrée dans un petit studio perché sur les hauteurs de Rouen. Un moment suspendu, comme hors du temps — “la vie s’installe entre les disques”, disait-on alors. Il y a quelques jours, le temps a repris son cours sur la rive gauche de la Seine, à Rouen, lors de retrouvailles à deux. Un nouvel entretien, cette fois dans la librairie Les Mots Éphémères, à deux pas de la salle de concert Le 106, haut lieu de la scène musicale rouennaise, dans un décor qui évoque les friches industrielles maritimes d’autrefois. Nous étions réunis pour célébrer la parution de son livre : La vie entre les disques.

Peux-tu nous raconter la genèse de ces rencontres « hasard ou contre hasard » avec ces artistes rock, folk… et leurs disques ?

Tous ces artistes, je les avais déjà rencontrés et même interviewés – lors de leurs périodes de promo ou hors promo – dans le passé. J’ai toujours eu ce désir de défendre ces musiciens et musiciennes et de poser une raie de lumière sur leurs visages, leurs voix et leurs âmes. Il n’y a qu’une artiste dont j’ai découvert la musique à la radio, un contact puissant et intense : c’est Sunny War. À l’instant où je l’ai écoutée, j’ai voulu la rencontrer. D’ailleurs, quand je l’ai interviewée, elle m’a dit : « Nina Simone était folle, comme moi. » Et quand on connaît sa vie, cela devient une évidence. Il y a un génie dans ces instants de l’entretien, un moment unique, parfois un grain de sable inattendu. Je me souviens quand Rodolphe Burger, l’un des membres fondateurs de Kat Onoma, et moi étions attablés dans un bar du 11ème arrondissement, nous savions que tous les paramètres/ingrédients des dieux de l’interview étaient là. Pete Doherty, qui est un artiste très dandy lors de ses concerts, je le retrouve dans un bar-restaurant à Étretat, en short, maillot et claquettes, en train de siroter un verre de calva. Après ça, on sait que tout va bien se passer.

Dans chacun des entretiens que tu as réalisés avec ces différents artistes et univers musicaux, j’ai observé trois ou quatre thématiques récurrentes : la vie entre les disques (musique/disques), les fêlures de l’âme et l’écriture (poésie, « protest songs », etc.). Est-ce que je suis sur la bonne voie avec ces observations ?

Parfois, c’est le grain de sable qui nous fait sortir de la zone de confort de l’entretien, comme lorsque l’artiste Thomas Jean Henri (Cabane) se met à pleurer. C’est une continuité de la vie mais par d’autres moyens. Pourquoi ? Pas le choix, acculé comme Shannon Wright, «la musique m’a constamment sauvée la vie ». Une forme de poésie s’impose pour transcender le quotidien. Les musiciens et musiciennes qui ne sont pas mainstream, prennent ce pas de côté, qui déraille comme une errance et c’est parfois celle de la vérité.

Le projet Soundwalk Collective est particulièrement innovant notamment par le lien espace-temps qu’il tisse entre la musicienne et poétesse Patti Smith et Arthur Rimbaud.D’ailleurs, tu as publié en 2021 un magnifique ouvrage intitulé Patti Smith & Arthur Rimbaud – Une constellation intime (édition Le Mot et le Reste). Peux-tu nous raconter ce projet d’art total – mêlant musique, poésie, arts plastiques… – mené par Patti Smith et inspiré par l’univers de Rimbaud ?

Figer les mémoires sonores, capter les sons de l’âme et ce, de manière intemporelle. Stephan Crasneanscki a théorisé les invariants dans cette quête sonore. Il a collaboré avec le grand écrivain New Yorkais Paul Auster, comme il le dit : « le son m’a pris par surprise » au moment du 11 septembre. Des heures d’enregistrements : des soundwalks recueillant les messages des disparus ont nourri un projet de narration mené avec l’écrivain de Moonpalace, dans le contexte post traumatique de l’attaque des Twin Towers. Saisir l’instant d’un moment sonore très intense et répétable dans le temps, c’est l’expérience qu’aurait pu vivre Rimbaud, hier comme aujourd’hui, à Harar, en Somalie, haut lieu du soufisme.

Là-bas, des milliers d’oiseaux chantent dans les banians, ces grands arbres africains. « C’est un chant métaphorique : ils chantent pour l’éternité ».

Transe soufie, transe poétique même combat pour Rimbaud. Et pour Stephan Crasneanscki, cette quête sonore devient une manière d’en imprimer l’écho.

Je sais que tu es le producteur de la radio ELDORADO : Errances Folk, Rock… Est-ce que tu peux nous dire en quelques mots, ta définition personnelle du FOLK et du ROCK au public ?

Venez écouter mon prochain épisode avec Mirel Wagner sur la radio ELDORADO. Errance, folk, Rock… Vous y trouverez mon identité Folk/Rock radiophonique.

Eldorado https://www.radio-eldorado.fr/

Pierre, quel est ton prochain projet d’écriture ? De la poésie, peut-être ? De la musique ?


J’ai envie d’écrire un livre autour de la chanson La chambre de Rodolphe Burger (fondateur du groupe Kat Onoma), dont le texte est une adaptation d’un poème de Pierre Alféri, fils du philosophe Jacques Derrida. Un livre-chanson qui serait une forme de continuité entre Philippe Poirier (un des membres fondateurs de Kat Onoma, disparu fin avril 2025), Rodolphe Burger et le public. Une continuité de la vie, de la mémoire… et de l’amour.

Pierre, quel est ton prochain projet d’écriture ? la poésie peut-être ? La musique forcément ?

J’ai envie d’écrive un livre sur la chanson « La chambre » par Rodolphe Burger (fondateur du groupe Kat Onoma) dont le texte est adapté d’un poème de Pierre Alféri, fils du philosophe Jacques Derrida. Un livre-chanson qui serait une forme de continuité entre Philippe Poirier (un des membres fondateur Kat Onoma) – qui n’est plus de ce monde depuis fin avril 2025- Rodolphe Burger et le public … celle de la vie et de l’amour.

BIO Pierre LEMARCHAND (Photo lors de l’entretien) :

Parallèlement à son activité professionnelle dans une association humanitaire, Pierre Lemarchand est journaliste rock. Il publie interviews, portraits et chroniques dans différents magazines dont magic, revue pop moderne, Persona et Novo. Il est l’auteur de plusieurs livres dont Nico The End… (2020) et Patti Smith & Arthur Rimbaud, une constellation intime (2021), autour desquels il imagine lectures musicales et conférences. Depuis 2014, il est le producteur de l’émission de radio Eldorado.

LEMARCHAND Pierre. La vie entre les disques. MEDIAPOP éditions, avril 2025, 252 pages, 18 €.

https://mediapop-editions.fr/catalogue/la-vie-entre-les-disques/

© HICHAME MAANANE @chachachamechachame

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